Lost in remembrances.

Vide. L'esprit de cette jeune fille inconsciente est totalement vide. Allongée au milieu de cadavres métalliques, elle étouffe quelques râles tout en reprenant connaissance. Étalée dans une boue durcie par le froid, prise d'une forte douleur à la tête, elle pause machinalement ses deux mains sur son front. C'est chaud et liquide, est-ce que ce serait ... Du sang. Fixant le rouge écarlate sur ses doigts pâles, elle se redresse lentement. Que s'est-il passé ? Assise sur une terre froide et stérile, elle laisse ses yeux vagabonder. C'est un amas de corps inertes qui l'encercle, comme si quelqu'un les avait renversé tout autour d'elle. Un cimetière de robots aux yeux éteints. Sa respiration se bloque. Sa blessure ne l'intéresse plus tellement. Que s'est-il passé ici ? Que fait-elle ici ? ...Qui est-elle ?

Ses yeux s'écarquillent, ses épaules s'affaissent et ses bras retombent jusqu'à toucher le sol. Le regard cloué sur l'horizon sombre et incolore, la voilà qui cherche, fouille, retourne ses méninges. Son nom, son prénom, n'importe quoi ! ...Mais rien.

Cela fait quelques heures maintenant qu'elle est assise ici. Le froid s'immisce sournoisement dans ses os. Bientôt son corps entier se met à trembler faiblement. Elle ne peut pas rester ici indéfiniment, le froid et la faim finirons par venir à bout de ses chaires. Elle tente alors de se lever, s'appuyant avec difficulté sur l'un de ses bras. Mais ses jambes sont bien trop engourdies, et elle bascule sur ses genoux. Ses inspirations se font par à-coups et son cœur bat de plus en plus vite... Relevant le menton, elle fait face à la dépouille d'une demoiselle de fer. Entrevoyant son propre reflet dans les grands yeux sans vie de ce cyborg, elle réalise enfin.

... GABRANTH 36488. L'inscription recouvrant la totalité de l'avant-bras du macchabée ...Gabranth. Est-ce qu'elle est morte ? Est-ce que tous ces gens sont morts ? Ont-ils été vivants un jour ? Ont-ils un jour possédés une vie ... et des souvenirs ?

Avec son écorchure au front, elle marche dans la pénombre. Comme engloutie par les ténèbres, elle n'en voit pas la fin. Cette ombre infinie n'a de cesse de lui rappeler son propre esprit. Il y fait froid, on n'y distingue rien et on s'y perd à chercher quelque chose, n'importe quoi, on ne sait pas, mais quelque chose.

Aux premiers abords, Gabranth semble tout à fait calme. Peu remuante, pour ne pas dire amorphe. Il est vrai qu'elle n'est pas du genre à hausser la voix ou agir brusquement. Le fait est que, l'amnésie dont elle est victime affecte énormément son comportement. Elle a tendance à beaucoup observer ce qui se trouve autour d'elle, les lieux comme les gens. Même si elle ignore tout à propos d'elle-même, elle sait à peu près tout ce qu'un être humain dit normal est sensé savoir. Voilà pourquoi elle se sent d'autant plus perdue dans cet espace hybride. Sans être extravagante, elle n'est pas de ceux qui cachent leurs sentiments et, si elle en ressent le besoin, elle ne se retiendra pas de pleurer, même devant une assemblée d'un cinquantaine de personne. Il en va de même pour le rire, si elle l'envie la prend, et bien elle rira. Seulement peu importe l'émotion qu'elle éprouve, elle se manifeste toujours de façon calme, presque paisible, comme une onde qui se repend sur l'eau, silencieusement, sans faire de vagues ou d'éclaboussures.

Une jeune fille que l'on pourrait qualifier de normale. Une peau blanche, sans pour autant en être blafarde. Une taille raisonnable si l'on suppose qu'il s'agit-là d'une adolescente. Une taille plutôt svelte, avec des formes en constructions - plus celles d'une enfant, mais pas tout à fait celles d'une adulte. Ses cheveux sont souples et lisses, mais pas très volumineux. Coupés dans une sorte de dégradé au niveau de sa nuque ; deux mèches se rabattent devant ses oreilles et frottent ses joues, tandis qu'une frange assez régulière cache la totalité de son front. La teinte sombre, d'un brun ternis, de cette chevelure s'accorde plutôt bien avec la couleur de sa peau, et met en valeur celle de ses yeux. D'un marron chocolaté plutôt banal, ces mirettes semblent constamment préoccupées, comme partagées entre une once d'anxiété, un brin de tourment et une pincée de crainte.

Elle porte les vêtements avec lesquelles elle s'est éveillée. Il ne s'agit en fait que d'une robe. Simple et bicolore, elle lui tombe jusqu'à mi-cuisse, mais les manches son longues et le col, bien que large, remonte jusqu'à son menton. Blanche ornée d'une large rayure verticale noire en son centre, de dos comme de face, les manches sont quant à elles, noire du haut jusqu'au bas. Ayant déjà vérifier cela elle-même, elle porte également des sous-vêtements, mais pas de chaussures ou de chaussettes.